Cokerie de la Sambre - Province de Hainaut
Ce site est réparti sur plusieurs parcelles à proximité d’une ancienne centrale électrique à charbon en service du début du XXe siècle jusqu’en 1997. La centrale a été démantelée, l’ancienne forge a été reconvertie en espace culturel. Une centrale thermique flambant neuve a vu le jour à proximité. Mais une grande partie du site en bord de Sambre constitue une friche industrielle intéressante avec, notamment, une ancienne cokerie fermée en 2008, une salle des compresseurs et une tour de château d’eau...
C’est par ce château d’eau que débute l’exploration.
Un décor impressionnant tout droit sorti d’un film
de Georges Méliès. Je me place au centre au niveau
du sol et lève les yeux vers ce qui m’attend. Le vertige me prend… J’apprends à mes dépens que le sommet
de cette tour se mérite. Arrivé tout en haut, j’ai les genoux en vrac et le souffle court. Pour couronner le tout, la vue d’ici n’est pas meilleure que celle d’en bas. Je reste un instant sur place, comme l’alpiniste qui vient de vaincre son sommet avant de regagner le camp
de base.
Un décor impressionnant tout droit sorti d’un film
de Georges Méliès. Je me place au centre au niveau
du sol et lève les yeux vers ce qui m’attend. Le vertige me prend… J’apprends à mes dépens que le sommet
de cette tour se mérite. Arrivé tout en haut, j’ai les genoux en vrac et le souffle court. Pour couronner le tout, la vue d’ici n’est pas meilleure que celle d’en bas. Je reste un instant sur place, comme l’alpiniste qui vient de vaincre son sommet avant de regagner le camp
de base.
Un peu plus loin, je décide de m’abriter des regards dans le bâtiment de l’ancienne cokerie… juste à temps ! La ronde du service de surveillance lance de grands coups de klaxon dans le vide pour effrayer les voleurs
de métaux qui s’introduisent régulièrement sur le site. M’ont-ils repéré ? Rapidement, je grimpe dans les étages pour éloigner le risque d’être surpris et c’est avec bonheur que je retrouve la lumière du soleil. Superbe à ce moment de la journée.
de métaux qui s’introduisent régulièrement sur le site. M’ont-ils repéré ? Rapidement, je grimpe dans les étages pour éloigner le risque d’être surpris et c’est avec bonheur que je retrouve la lumière du soleil. Superbe à ce moment de la journée.
Des rayons obliques viennent mourir sur les carlingues rouillées de cette ancienne salle des turbines. Au dernier niveau de la structure, au sortir d’un tunnel sombre, je découvre une étrange piste d’atterrissage bordée de végétation sauvage et d’arbustes. Facilement deux cents mètres. Mais quels drôles d’oiseaux ont bien pu prendre leur envol ici ? Et pour quelles destinations ?
Acieries de la Sambre - Province de Hainaut
Suite à un échec sur un spot tenté au petit matin, nous regagnons notre véhicule pour poursuivre notre route. Au détour du mail qui longe la Sambre, nous constatons que le portail d’un autre site a été fraîchement et sauvagement défoncé. Sans doute durant la nuit. Nous saisissons cette chance inespérée et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous nous engouffrons dans la brèche les uns derrières les autres, sans même nous concerter.
Il est encore très tôt. Les rayons du soleil matinal percent les entrelacs de métal, figeant la brume matinale dans un étrange balai avant de venir mourir à nos pieds. Le sol, rendu vert fluo par la mousse qui recouvre la crasse, nous plonge dans un véritable décor de science-fiction. Émerveillés, nous progressons lentement sans pour autant laisser à nos yeux le temps de s’acclimater à
l’alternance de pénombre et de lumière.
l’alternance de pénombre et de lumière.
Le chemin nous est suggéré par une profonde perspective dont le point de fuite mène au pied de ce hangar sombre. Un temple d’acier monumental, un mikado de rouille, une basilique sans pierre.
Nous restons figés un long moment avant d’en franchir
le seuil. À ce moment précis, je remarque un point en hauteur, juste en face de moi. Je dois absolument faire une photo depuis cet endroit et pas un autre. Il me faut près d’une demi-heure pour me frayer un chemin dans ce dédale de métal et de crasse. Des centaines de marches d’escaliers, des culs de sac, des passerelles, des fausses pistes... Finalement, quelque peu essoufflé mais comblé, je pose mon sac au sol, je déploie mon trépied, je fixe mon boitier... j’y suis. Et croyez-moi,
cela vaut le coup d’œil.
le seuil. À ce moment précis, je remarque un point en hauteur, juste en face de moi. Je dois absolument faire une photo depuis cet endroit et pas un autre. Il me faut près d’une demi-heure pour me frayer un chemin dans ce dédale de métal et de crasse. Des centaines de marches d’escaliers, des culs de sac, des passerelles, des fausses pistes... Finalement, quelque peu essoufflé mais comblé, je pose mon sac au sol, je déploie mon trépied, je fixe mon boitier... j’y suis. Et croyez-moi,
cela vaut le coup d’œil.
Station High Voltage - Province de Hainaut
Cette station électrique se trouve dans le même périmètre que la cokerie présentée juste avant. Comme d’autres installations du secteur, elle a cessé son activité en 1964. Des passerelles et convoyeurs
la relient toujours à la parcelle en friche de l’autre côté de la nationale qui longe la Meuse.
la relient toujours à la parcelle en friche de l’autre côté de la nationale qui longe la Meuse.
À l’époque de notre visite, le seul moyen d’approcher discrètement du bâtiment consistait à passer plusieurs lignes de grillages à l’arrière de la parcelle, l’avant du bâtiment donnant directement sur une nationale très fréquentée. Après quelques acrobaties, nous arrivons enfin au pied du bâtiment de briques rouges. Mais nous ne trouvons aucun accès au rez-de-chaussée. Levant les yeux sur la façade arrière, je remarque une grande baie vitrée, deux niveaux plus haut, dont plusieurs carreaux cassés nous laissent espérer la possibilité d’un accès. L’escalade a l’air simple, mais il y a quand même deux étages à franchir et j’aimerais autant ne pas chuter de cette hauteur.
Lentement et prudement je parviens à me hisser au niveau des carreaux cassés. J’entre dans le bâtiment puis j’envoie une corde d’escalade à mon partenaire afin de sécuriser son ascension. Cette corde nous permettra de descendre en rappel après l’exploration. Nous sommes dans une immense pièce qui fait quasiment toute la surface du bâtiment. De l’autre côté, nous apercevons une majestueuse salle de contrôle surélevée, desservie par deux escaliers latéraux.
Au centre de la dalle, un gigantesque trou béant laisse apparaître les entrailles du niveau inférieur. Sur cette dalle siégeait autrefois un parc de machines qui ont toutes été démontées et évacuées depuis. Les hautes baies vitrées, le pupitre de contrôle et la symétrie de l’architecture me font immédiatement penser à la nef d’une cathédrale. La salle de contrôle en est le chœur.
Thermes Alla Italia - Province de Hainaut
De style néo-renaissance française, cet établissement thermal situé en plein centre-ville est le dernier des trois construits entre 1828 et 1868. À leur grande époque, ces thermes effectuent jusqu’à 170 000 soins par an. Remplacés en 2003 par un établissement plus moderne, ils ferment définitivement leurs portes après 135 années d’exploitation. Ils sont classés au patrimoine exceptionnel de la Région wallonne depuis 2016 et au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2021.
En faisant le tour des différentes cabines et salles de bains réparties sur les trois niveaux du bâtiment, je découvre que tout a déjà été démonté et récupéré. Plus une seule baignoire de cuivre, plus de mobilier. Le principal intérêt de cette visite réside sans aucun doute dans l’atrium. Malgré un sentiment de luxe périmé, des corniches en dorures écaillées, des stucs et staffs encrassés et des peintures aux couleurs passées, l’espace impressionne tout de même par son luxe tape-à-l’œil. Un concentré d’architecture néo-renaissance dans un mouchoir de poche. Abondamment baignée de lumière, la pièce dégage un charme certain et je me prends à imaginer les années fastes où cet espace regorgeait de curistes en peignoirs se croisant entre deux soins.
Je suis brutalement tiré de mes songes par une grosse voix. Un homme que je n’ai pas vu venir, petit mais trapu, aux mains larges comme des battoirs, se tient devant moi... avec une belle barre à mine. Bonjour monsieur !
Grand Hôtel Reigner - Province de Hainaut
Construit en 1902 en bord de Meuse, ce grand hôtel fut l’un des fleurons de l’âge d’or du tourisme à la Belle Époque. Considéré comme la Riviera de la Haute-Meuse, la belle société y descend en train dans les années 1920. Les bâtiments prestigieux commencent à souffrir dès les années 1960 avec les congés payés et le développement de l’automobile. L’établissement se délabrant, il ferme définitivement ses portes en 2002, cent ans pile après la pose de la première pierre. Un permis de démolition a semble-t-il été obtenu en 2019, mais l’édifice figure toujours sur les cartes satellites à l’heure où j’écris.
Par souci de discrétion, nous décidons d’accéder au bâtiment par l’arrière en empruntant une ruelle peu fréquentée. Nous entrons par le sous-sol et nous frayons un chemin jusque sous la salle de bal qui, à notre grande surprise, n’a plus de plancher. Après avoir escaladé les poutres métalliques qui soutennaient le sol, nous atteignons le premier niveau de l’hôtel.
C’est ce qui me vient à l’esprit alors que je parcours les salles accessibles du rez-de chaussée. En haut d’un escalier de bois laminé par le temps trône un piano droit vermoulu qui s’est tu à jamais. La trace du temps est remarquable. Les murs de peinture rouge écaillée laissent apparaître un ancien papier peint d’époque au motif désuet. Le tapis rouge de l’escalier a disparu mais on distingue parfaitement sa trace sur le bois.
Sur le côté, une salle à manger immense est inondée de lumière par une verrière dont subsistent à peine quelques carreaux intacts. Victimes des intempéries et des infiltrations, les boiseries sont tombées au sol, dénudant le mur de briques rouges mêlées de moisissures. Sur le sol poussent des fougères entre les lattes d’un plancher malmené. Au fond de la salle, une table et un fauteuil d’osier rappellent au visiteur que des gens s’y sont un jour assis, pour oublier leur tracas quotidiens et passerdu bon temps.